L’antithomisme de Durand de Saint-Pourçain et ses précédents

Isabelle Iribarren
5,00 € l'unité
2008 - Fascicule n°1 - Antithomisme I pensée médiévale
1800
39 - 56
Article

Résumé

La controverse qui a lieu au début du XIVe siècle entre le dominicain Durand de Saint-Pourçain (1275-1334) et les autorités de son Ordre fournit un cadre privilégié pour examiner l’essor et l’expansion du thomisme en tant qu’autorité théologique reconnue, en particulier en lien avec l’assimilation de l’aristotélisme et la consolidation d’une uniformité doctrinale au sein de l’Ordre dominicain. Cet article cherche à situer la pensée de Durand dans le contexte du thomisme émergent, portant un éclairage à la fois sur la nature du non-thomisme de Durand et le traitement novateur que les partisans du thomisme font de la pensée du Docteur commun.

Extrait

La controverse qui a lieu au début du XIVe siècle entre le dominicain Durand de Saint-Pourçain (1275-1334) et les autorités de son Ordre fournit un cadre privilégié pour examiner l’essor et l’expansion du thomisme en tant qu’autorité théologique reconnue, en particulier dans sa connexion à deux aspects qui lui sont reliés : l’assimilation de la philosophie classique et le développement d’un sens d’identité « corporative » au sein de l’ordre dominicain. Le succès du thomisme soulève à son tour le problème plus général du rapport entre l’autorité et la raison en théologie, problème souvent discuté mais qui dans la controverse avec Durand reçoit une toute nouvelle lumière. En effet, la pensée théologique de Durand reflète les tensions doctrinales d’un Ordre qui cherche à consolider son uniformité doctrinale tout en faisant une utilisation lucide et ouverte des apports intellectuels provenant de sources externes, voire de l’Ordre rival (dont atteste l’usage généreux que fait Hervé de Nédellec, thomiste convaincu, des idées scotistes).