« Jésus s’étonna… » (Mt 8, 10)

Vojtěch Novotný
5,00 € l'unité
2013 - Fascicule n°3 2013 - Tome CXIII
411 - 442
Article
Thomas d'Aquin, Etonnement

Sous titre

Le sens de son étonnement selon saint Thomas d'Aquin

Résumé

Cette étude présente l’exégèse de Mt 8, 10 sur l’étonnement du Christ par saint Augustin et saint Thomas d’Aquin. Se faisant l’écho de la tradition de la philosophie grecque, l’un et l’autre partent de la conviction que l’étonnement est une caractéristique spécifique de la connaissance humaine. Saint Thomas relie l’étonnement à ce qu’il nomme la scientia acquisita experimentalis. Par sa nature humaine, le Christ, viator, se trouve sur la route de la connaissance progressive de la réalité et de ses causes, sur la route vers Dieu le Père. Ainsi la sanctifie-t-il.

Extrait

L’homme est un être qui s’étonne. Il rencontre l’ensemble multiforme de l’étant dont il ne comprend entièrement ni les détails ni la totalité, qui ne cesse de l’étonner, et par ce qu’il est, et par le fait même qu’il existe. Il apparaît tantôt admirable, tantôt épouvantable, mais le plus souvent étonnant. Car si une réalité parle à l’homme et capte son attention, elle éveille en lui l’étonnement, la question « pourquoi ? » qui est le premier pas sur le chemin qui mène du savoir incomplet jusqu’à la connaissance des causes, c’est-à-dire vers la communion plus profonde avec la réalité elle-même. La rencontre avec l’étant, dans lequel l’homme perçoit l’acte d’être, son fondement subsistant et sa source — Dieu —, fait avancer l’homme au rythme des questions/réponses. La capacité de poser la question de la cause de ce qui apparaît définit le statut de l’homme comme tel, son enracinement dans le monde, dans l’ensemble de l’être, et elle définit en même temps l’ouverture spécifique de son esprit, à savoir son être-en-relation et sa relation à l’horizon ultime.