Jacques Maritain et la personne de l’Église

François Daguet o.p.
5,00 € l'unité
2015 - Fascicule n°1 2015 - Tome CXV
83 - 100
Article
Jacques Maritain, Eglise, Personne

Résumé

Jacques Maritain n’a cessé, sa vie durant, de scruter le mystère de l’Église. L’une des questions qu’il rencontre est celle de la personnalité de l’Église, véhiculée par la Tradition depuis des siècles sans avoir jamais été définie ni analysée. Parmi les philosophes et les théologiens contemporains, il est le seul qui se soit risqué à élaborer une véritable métaphysique d'une entité collective, en se servant des analyses thomasiennes de l’être et de ses développements cajetaniens. Il est ainsi conduit à reconnaître une «subsistance surnaturelle» de la personne Église, qui lui permet de la distinguer de ceux qui la composent, sans l’en séparer.

Extrait

Chacun sait que Jacques Maritain, pour philosophe qu’il fût, s’est de tout temps passionné pour le mystère de l’Église. Alors qu’il s’en remettait d’ordinaire, en matière théologique, à son ami Charles Journet, l’Église et son mystère sont un domaine où il n’a pas hésité à prendre l’initiative. En témoignent, aux deux extrémités de sa vie, la publication posthume, en 1918, du livre du P. Clérissac, Le Mystère de l’Église, qu’il assortit d’une préface et, plus de cinquante ans après, le dernier ouvrage publié de son vivant, en 1970 : De l’Église du Christ, la personne de l’Église et son personnel, où il reprend en les développant les vues déjà avancées dans son ouvrage précédent, en 1966 : Le Paysan de la Garonne. Il n’est pas excessif de dire que le mystère de l’Église a habité l’esprit de Maritain tout au long de sa vie. Ce sont d’ailleurs ses propres mots, puisqu’il se présente en exorde comme « un vieux philosophe chrétien dont depuis soixante ans le mystère de l’Église occupe la pensée ».