La revue Concilium, conçue durant le Concile et née au moment de sa clôture, offre un riche aperçu de la pluralité des herméneutiques mises en œuvre dans la réception des textes conciliaires. Celle de H. Küng, dans le cadre de sa propre synthèse ecclésiologique et à propos de Lumen gentium, se caractérise par le primat donné à l’histoire des origines évangéliques de l’Église et à l’impératif œcuménique. Utilisée marginalement, à titre illustratif et non pas normatif, la constitution sur l’Église se voit discrètement malmenée, sinon contredite, lorsqu’elle semble ne pas honorer suffisamment ces deux critères et donc ne pas correspondre à l’essence de l’Église telle qu’a priori comprise par Küng. Une telle herméneutique menée au nom de « l’esprit du Concile » donne finalement le sentiment de quitter le champ de l’interprétation d’un texte doctrinal autorisé, témoin de la fécondité de l’Esprit dans le mystère de la conciliarité, pour s’enfermer dans le champ clos d’une joute à armes inégales entre théologiens audacieux et scribes magistériels timorés.
A l'occasion du vingtième anniversaire de la clôture de Vatican II et de la célébration du synode extraordinaire convoqué par Jean-Paul II sur ce thème en 1985, plusieurs théologiens ont tenté de synthétiser les diverses tendances qui virent le jour dans la réception et l’interprétation du Concile. Trois d’entre eux sont parvenus à des résultats convergents : Avery Dulles, Walter Kasper et Hermann J. Pottmeyer. Ils ont dégagé trois courants principaux que l’on peut ainsi résumer. Durant deux phases initiales d’exubérance puis de déception, correspondant aux quinze premières années de l’après-Concile, deux tendances auraient grandi en opposition.