Et si l’athéisme était une forme d’ignorance ?

Michel Bastit
5,00 € l'unité
2017 - Fascicule n°2
2017
315 - 327
Article
Athéisme, Philosophie

Résumé

Cet article cherche à établir qu’il est possible de comprendre la question de l’existence de Dieu comme le résultat d’une enquête de philosophie scientifique au terme de laquelle Dieu est découvert comme cause ultime du mouvement et de l’être. Alors, de ce point de vue, l’athéisme apparaît soit comme une ignorance avouée — l’agnosticisme — soit comme une ignorance par erreur qui consiste à substituer à Dieu quelque chose d’autre que Dieu.

Extrait

Si l’on regarde l’état présent de la  philosophie de la religion, on constate une vive discussion entre ceux qui pensent, en suivant la tradition de Hume, que nous n’avons pas le droit de croire car nous ne possédons aucune évidence de l’existence de Dieu, et ceux qui soutiennent au contraire que nous avons ce droit de croire car il n’est pas nécessaire  d’avoir  une  telle  évidence  pour  être  épistémologiquement respectable. Parmi ces derniers, certains, comme Swinburne, montrent que nous avons cependant de bonnes raisons de croire, et même que l’existence  de  Dieu  est  l’hypothèse  hautement  la  plus  probable.  Tous ces philosophes font une référence commune à la croyance. Pour eux, la question de l’existence divine est une question de foi. La croyance, donnée ou non par une religion, serait la seule manière de savoir si Dieu existe ou non. La croyance devient même d’ailleurs la seule manière de connaître car même la connaissance sensible est aussi, selon Hume, une sorte de croyance. Le débat posé en ces termes sous-entend que Dieu n’est accessible que par la foi. Il sous-entend donc au fond une position théologique fidéiste et, philosophiquement, un scepticisme quant aux capacités métaphysiques de la raison. Il ratifie ainsi plus ou moins subrepticement la position humienne et kantienne, qui ont d’ailleurs des antécédents médiévaux.