Le mode d’expression de Vatican II, tranchant en cela avec les conciles précédents, est surtout descriptif et « pastoral ». Cependant, chaque fois que les débats conciliaires ont rencontré la nécessité d’aboutir à des déterminations précises capables de réaliser l’unanimité en évitant le risque d’équivoque, on s’aperçoit qu’intervient comme une « rupture de style ». Celle-ci est causée par le recours à un langage « technique » issu de la scolastique qui en exprime des notions capitales. L’étude envisage plusieurs cas avant de considérer l’échec de cette « méthode » pour la question du subsistit in de Lumen gentium, n° 8. Ce phénomène permet de mettre en évidence deux herméneutiques qui concourent à Vatican II, celle de la continuité et celle de la réforme.
Le mode d’expression de Vatican II présente une originalité certaine quand on le compare aux conciles qui l’ont précédé (Florence, Trente, Vatican I). Lors de ces conciles, les Pères, tout en proclamant leur intention de demeurer au-dessus des querelles d’École, ont manifestement emprunté à la scolastique, principalement thomiste, les notions essentielles à l’expression de leur enseignement. Nul ne peut saisir la doctrine de Trente sur la justification s’il ne connaît pas la doctrine de saint Thomas sur la grâce sanctifiante. On dira de même pour la constitution Dei Filius de Vatican I en ce qui concerne la conception de la foi, de la révélation et de leur relation avec la raison. Vatican II apparaît comme beaucoup plus éclectique. Pour certains commentateurs, ces textes composites résultent des nécessaires concessions que la majorité a dû faire pour rallier la minorité. Nous pensons que l’observation peut être vérifiée au plan du phénomène, et qu’en un sens elle illustre bien la dialectique conciliaire classique qui conduit, par des compromis au meilleur sens du terme, à des textes votés par la quasi-unanimité des Pères. Mais il serait abusif de voir dans cette dialectique un affrontement.