Dans l’Épître aux Hébreux le Christ est à la fois le grand prêtre et la victime. Grand prêtre, il l’est dès son entrée dans le monde (He 10, 5), comme envoyé d’en Haut (He 3, 1), c’est-à-dire du Père, et comme chef ou « tête de la maison » de Dieu (He 3, 6 ; 10, 21). Garant de la nouvelle Alliance en tant que médiateur, le Christ est principe et perfection de la foi nouvelle (génitif objectif d’He 12, 2). Ainsi, de la première Alliance à la deuxième, il existe une continuité, une rupture-détachement et un dépassement. L’accomplissement réalise simultanément ces trois dimensions. Ceux que l’épître désigne comme les chefs (He 13, 7-8 ; 13, 17 ; 13, 24) sont à l’unique grand Pasteur (He 13, 20) ce que les « prêtres du Nouveau Testament » seront à l’unique grand prêtre Jésus-Christ. Ils le sont par participation (He 3, 14) à son état sacerdotal permanent, acquis depuis son Incarnation. Aux yeux d’Hébreux, l’exercice du sacerdoce atteint son point ultime dans l’au-delà, en une intercession actuelle pour les pécheurs. La prière du Christ dans l’éternité est exaucée et produit les effets toujours actuels du mystère de la Croix.
L’Épître aux Hébreux suscite toujours de nombreuses études, analyse thématique, exploration comparative, ou retour à l’hébreu-araméen. Parmi celles qui recouvrent une analyse complète de toute l’épître, il convient de signaler en premier, dans la nouvelle collection « Cercle Biblique », l’opuscule de Chantal Reynier et d’Isabelle Reuse : La Lettre aux Hébreux.Deux études exégétiques plus savantes récemment publiées retiendront principalement notre attention : celle très achevée du cardinal Albert Vanhoye et celle très érudite de Jean Massonnet.Le « climat » de ce sermon sacerdotal est celui de l’exaltation du Christ à la droite de Dieu. S’ajoute à cette christologie de l’exaltation une christologie descendante, « d’en haut », qui se focalise sur le moment de la Passion. L’exhortation se développe en cinq exposés doctrinaux. Mais les parties théologiques alternent avec cinq autres développements pastoraux contre toute forme de relâchement pouvant altérer la foi, l’espérance ou la charité.
