Le commentaire de Ps 32, 2-3 de saint Thomas fournit des réflexions intéressantes sur la musique. Il y cite Boèce, De institutione musica, et Aristote, Politique, étudiés à la faculté des arts. Les effets de la musique, avec l’influence sur l’âme des différents modes, expliquent son importance dans la liturgie. Thomas est réservé quant à l’utilisation des instruments de musique, dont le rôle dans les Psaumes est figuratif.
Comme le faisait remarquer Sebastian Bullough dans sa belle étude sur saint Thomas et la musique, le Docteur angélique n’a pas rédigé d’écrit spécifique sur le sujet mais a livré un certain nombre de réflexions dans plusieurs de ses œuvres. La musique est, au XIIIe siècle, l’objet d’un enseignement à la faculté des arts — on y reviendra en se demandant quel cursus a suivi Thomas. L’approche est celle d’une « musique spéculative », autrement dit la musique est considérée dans ses aspects théoriques et non dans sa pratique 4 et ce sont les conceptions anciennes, remontant à Platon et Aristote, puis Augustin, transmises notamment par Martianus Capella et Boèce, qui dominent. En étudiant le commentaire des Psaumes de Thomas, j’ai eu la surprise de lire un développement passionnant sur la musique à propos de Ps 32, 2-3 6. Je voudrais évoquer les thèmes principaux liés à la musique dans l’approche que fait Thomas de ces deux versets, sans envisager pour l’instant l’ensemble de la « pensée musicale » de Thomas d’Aquin.
On se rappelle que Thomas n’a rédigé de commentaire que jusqu’au psaume 54 ; il n’a donc pas été confronté aux données du psaume 150, généralement lieu de développements sur les instruments de musique. On trouve quelques indications éparses à propos des psaumes 1-54 mais le passage le plus important est celui que l’on se propose d’étudier ici 7.