Thomas d’Aquin et la logique comme savoir contemplatif

Bruno Tremblay
5,00 € l'unité
2011 - Fascicule n°2 2011 - Tome CXI
179 - 210
Article
Logique, Thomas d'Aquin

Résumé

La division traditionnelle des parties de la philosophie en contemplatives et pratiques soulève de par l’absence habituelle de toute mention de la logique le problème de la place qu’y occupe de droit cette science, problème auquel Thomas d’Aquin, pourtant très intéressé par les fondements de cette division, n’apporte pas de solution explicite et complète. La question est pourtant loin d’être futile, et sa réponse révèle beaucoup sur la façon dont on conçoit la nature, le sujet, la méthode et le but de la logique. La position défendue dans le présent article est qu’une considération attentive des enseignements de Thomas sur la logique en général et sur les trois critères de division qu’il propose — la matière, le mode et la fin de la discipline — permet de conclure que pour lui la logique se ramène à la partie contemplative de la philosophie, et ce suivant chacun des trois critères.

Extrait

Bien qu’il soit clair que Thomas d’Aquin n’a jamais eu d’intérêt pour les classifications très explicites qui visent à rendre compte de pratiquement toutes les branches du savoir humain, il n’en reste pas moins qu’il prenait très au sérieux le problème de la division de la philosophie en ses parties principales et qu’il lui a de fait accordé beaucoup d’attention. On ne s’attendrait pas à ce qu’il fasse autrement puisque les différents modes ou espèces d’une même chose se comprennent par la comparaison des uns avec les autres, que toute classification des sciences requiert, entre autres, une compréhension poussée du sujet et de la méthode de chaque discipline, et que de façon générale ordonner est l’office du sage, comme le dit Aristote et aime à le répéter Thomas.