Une fois n’est pas coutume, quatorze ans après sa parution, le grand ouvrage du fr. Henry Donneaud fait l’objet d’un compte rendu à la hauteur des enjeux de cet important travail. On verra que ces quelques pages de compte rendu n’ont rien de réchauffé. La Revue honore ainsi un sujet capital et un de ses principaux collaborateurs.
Le livre d’Henry Donneaud, Théologie et intelligence de la foi au XIIIe siècle, a pour objet de combler une lacune : faire « une histoire critique du mot theologia au Moyen Âge » (p. 7). En effet, entre le sens qu’il acquiert chez les Pères grecs, où il désigne « l’Écriture sainte, aussi bien ses différents livres que les vérités divines qu’elle transmet ou les méthodes qu’elle met en œuvre » (ibid.), et celui qu’il revêt depuis le XVIe siècle d’« une investigation rationnelle du donné révélé, en particulier par la déduction de conclusions virtuellement contenues dans le donné révélé et par différence avec l’exégèse biblique » (p. 8), un basculement s’est opéré. La question est de savoir à quel moment. Or l’opinion dominante depuis le P. Chenu est que cela est dû à Abélard. Le problème est alors le suivant :
Si le mot theologia s’est introduit peu à peu dans le vocabulaire des écoles à partir du XIIe siècle, comme équivalent de doctrina christiana, sacra scriptura ou sacra doctrina, est-ce vraiment pour désigner spécifiquement la théologie pratiquée par les maîtres théologiens, ou bien ne serait-ce pas plutôt, en continuité avec la tradition dionysienne à l’autorité si considérable tout au long du XIIIe siècle, pour signifier la Parole de Dieu et sa doctrine révélée ? (p. 10).