Prenant le Prologue de Simplicius à la Physique comme un témoin privilégié de la physique postsocratique, cette contribution analyse les cinq raisons avancées par l’auteur pour dégager les enjeux de cette discipline. Dans un premier temps, la mise en œuvre d’une méthode structurale permet de clarifier la progression de l’argumentation à partir de la pédagogie de l’éros proposée dans le Banquet, puis l’intention de l’auteur à la lumière des six définitions de la philosophie et de la figure du jeune Socrate. Une analyse plus particulière de chacun des cinq arguments permet dans un second temps, d’une part, d’évaluer l’importance du modèle socratique et, d’autre part, de repréciser la place et la nature d’un discours sur Dieu en physique.
« Je soutiens vigoureusement que la religion cosmique est le mobile le plus puissant et le plus généreux de la recherche scientifique. » Einstein n’était pas un homme de la Synagogue, mais sa pratique de la physique semble néanmoins avoir été motivée par un mystérieux sentiment, lequel n’est pas sans rappeler la quête du Dieu cosmique qui ne cessa de hanter l’esprit d’un Newton. Il ne s’agirait sans doute que d’une simple coïncidence si cette attitude religieuse, étroitement liée à la démarche scientifique la plus rigoureuse, ne s’inscrivait pas dans une profonde tradition.