Cet article invite à découvrir les notions de nature et de grâce dans l’utilisation qu’en fait saint Thomas pour décrire leur jeu concret dans l’histoire du salut. On rappelle donc d’abord sa doctrine sur la création de l’homme dans la grâce et sa situation première dans l’état d’innocence ou de justice originelle. Thomas ne fait aucun usage de la notion de nature pure, mais les concepts de pura naturalia et de nature intègre lui permettent de préciser simultanément l’autonomie de la nature et la gratuité de la grâce. Cette dernière est rendue nécessaire pour que l’homme puisse atteindre sa fin surnaturelle, face à laquelle la nature seule est totalement impuissante. L’entrée dans l’état de nature corrompue provoquée par le péché rend la grâce nécessaire, à un nouveau titre, puisqu’il ne s’agit plus seulement d’élever la nature, mais aussi de la guérir. Dressé sans complaisance, le tableau des capacités de la nature sans la grâce permet toutefois au Maître d’Aquin de montrer comment la grâce reprend et achève la nature en son aspiration la plus profonde.
