Même si Maritain est connu avant tout comme philosophe et s’il s’est seulement considéré lui-même comme un « philosophe chrétien », l’histoire de l’Église au XXe siècle montre que, par sa foi toujours en quête d’intelligence, il a apporté d’importantes contributions à la théologie dans bien des domaines : de la théologie du politique à la théologie du mystère d’Israël. Cet article les présente dans l’unité de leur inspiration qui consiste en un souci d’articuler leur spécification objective avec l’exercice du sujet qui en vit dans son devenir libre et historique.
Comme les titres des conférences de ce colloque le montrent, les apports de Jacques Maritain à la théologie ont été multiples, car il s’est intéressé à de nombreux domaines de l’intelligence de la foi et y a apporté des contributions notables. Je voudrais m’attacher ici tout d’abord à dégager le fil conducteur des recherches de Maritain dans le domaine théologique. Ce philosophe chrétien a été avant tout un grand vivant et un très grand croyant. On est frappé avant tout par l’intensité de la vitalité, et même de la passion, avec laquelle Maritain s’est toujours engagé dans tout ce qui concernait la foi et la vie avec Dieu. À partir du moment où, converti avec sa femme Raïssa, ils ont donné leur vie à Dieu, ils ont été littéralement happés par la vie de la foi. C’est le dynamisme de la foi qui est le moteur de l’intérêt de Maritain pour de grandes questions théologiques. Cela nous rappelle, s’il en était besoin, que la théologie dépend totalement de la foi, qu’elle s’efforce de comprendre par l’intelligence. La foi de Maritain était très intense et, autant qu’on puisse le dire, c’était une foi formée, c’est-à-dire une foi finalisée et mue par cet amour surnaturel de Dieu qu’est la charité. À cause de cela, une telle foi ne se contente pas de ce que l’on peut énoncer sur Dieu et ses mystères de la manière la moins imparfaite, mais elle tend vers la réalité même du Dieu vivant.