Cette étude montre le cheminement parcouru par les théologiens médiévaux à la découverte du savoir naturel du Christ. Inconnue de la première époque patristique, qui voyait au contraire dans une certaine ignorance du Christ une preuve de son humanité, contre les apollinaristes, cette question a été obnubilée par l’identification plus tardive de l’ignorance au péché. Si la théologie scolastique — de Pierre Lombard à Bonaventure, en passant par Albert le Grand et Alexandre de Halès — est restée influencée par cette option, elle s’est aussi efforcée de dissocier progressivement savoir divin et savoir humain, mais sans jamais parvenir à la reconnaissance d’un savoir humain qui ne serait pas un don d’origine divine. Après avoir partagé lui-même cette position, Thomas d’Aquin a fini par dégager l’existence d’un savoir naturel acquis par le Christ grâce à l’exercice de son intellect agent.