Le Dieu d’Aristote n’est-il qu’une solution résiduelle ?

Bertrand Souchard
5,00 € l'unité
2013 - Fascicule n°1 2013 - Tome CXIII
117 - 131
Article
Ontologie, solution residuelle, Aristote, Dieu

Résumé

Pour Pierre Aubenque, le Dieu d’Aristote n’est qu’une solution résiduelle, la théologie ne parachevant pas l’ontologie. Cette thèse s’appuie sur une lecture heideggérienne d’Aristote, affirmant que l’être n’est pas pensable, que la métaphysique est dialectique, que la raison est identitaire, que le rapport de Dieu au monde est celui de la dégradation et de l’imitation. Mais cette lecture contredit le texte d’Aristote, où nous retrouvons une philosophie première qui est analogie des causes de l’être, causalité plurielle et ouverte, finalité et acte.

Extrait

Aristote « enseigne que le Premier Moteur meut comme “désirable”, comme “objet d’amour”. […] on a vu généralement la clé de voûte de la métaphysique aristotélicienne, l’intuition centrale du système, que tout prépare et autour de laquelle tout s’ordonne rétrospectivement. Nous ne croirons pas minimiser la portée de cette doctrine en affirmant au contraire qu’il s’agit là d’une solution résiduelle, nécessairement obscure. » « Il importe de noter combien cette présence [de la perspective théologique au coeur même de la problématique ontologique] demeure insolite et qu’elle rompt la continuité de la recherche beaucoup plus qu’elle ne la parachève. » Ainsi s’exprime Pierre Aubenque dans son maître ouvrage. Ce sont ces propos que nous aimerions interroger. Le Dieu d’Aristote rompt-il la recherche aristotélicienne ? N’est-il qu’une solution résiduelle à l’encontre de la tradition qui en faisait la clé de voûte et la continuité de la démarche aristotélicienne ? Pourquoi P. Aubenque en arrive-t-il à cette interprétation ? Est-elle justifiée à la lecture des textes du Stagirite ?