Les relations entre le Christ et la loi éclairent tant le mystère du Christ que la notion de loi divine dans la Somme de théologie. Un regard synthétique sur le traité du Christ et sur le traité de la loi dévoile leur relation essentielle. L’examen de cette connexion, objet de cette étude qui se veut d’abord christologique, permet de mieux appréhender la manière dont saint Thomas comprend le rôle du Christ et de la loi divine dans l’histoire du Salut.
Jésus-Christ est la fin de la Loi. Saint Paul dans l’épître aux Romains place le Christ dans un rapport essentiel avec la Loi : « Car la fin de la Loi, c’est le Christ pour la justification de tout croyant » (Rm 10, 4). Pour saint Paul, le Christ était le terme auquel la loi de Moïse devait amener ceux qui la pratiquaient. Il était aussi celui qui attirait à lui ceux qui observaient la loi sans le connaître mais en l’espérant obscurément. La loi ancienne et le Christ sont dans la théologie paulinienne dans un rapport de disposition à réalisation. Le Christ a aboli la loi ancienne pour nous faire entrer dans un âge et un régime nouveaux de l’histoire sainte. C’est ce que saint Thomas d’Aquin explique quand il commente ce verset de l’épître aux Romains en disant que « le Christ est la fin de la Loi, c’est-à-dire celui auquel la Loi tout entière est ordonnée ». Cet ordre entre le Christ et la loi divine mérite d’être examiné avec l’aide de saint Thomas.