La médiation salvifique du Verbe et la forme nécessaire de son corps qui est l’Église

Philippe Vallin
5,00 € l'unité
2006 - Fascicule n° 1 et 2 - Saint Thomas et la théologie des religions 2006 - Tome CVI
289 - 314
Article
Eglise, mediation salvifique, Verbe

Extrait

Parmi toutes les tentatives où s’engagent les théologiens qui cherchent à expliquer la capacité du Dieu de Jésus-Christ à sauver les hommes hors du périmètre de l’Église visible, celle qui imagine une médiation salvifique du Verbe dans l’instrument des religions prises comme telles devra se justifier devant une objection du christianisme essentiel : comment articuler l’action présumée du Verbe invisible aux formes religieuses variées et parfois contraires, dont l’instrumentalité salvifique est supposée, alors même que l’on n’y pourrait guère reconnaître l’unité d’information du Médiateur ? Bref, pour parler en métaphore, on se demandera si cette médiation du Verbe invisible dans les religions ne serait pas conçue comme la présence du bernard-l’ermite, lequel habite des coquilles façonnées par d’autres mollusques et paraît se satisfaire de ces domiciles aux contours variés, à la formation desquelles son dynamisme et sa forme propres n’auront nullement contribué. On voit mal en effet comment le Verbe connu dans l’Incarnation par sa puissance extrême d’information, et reconnu par après dans les préparations vétérotestamentaires du Salut au travail typique d’une préformation, pourrait séjourner, et d’un séjour qui ne fût pas occasionnel, en des religions nombreuses dont la ressemblance ne va pas de soi, et dont la dissemblance est parfois soigneusement théorisée entre elles (exemple : hindouisme / bouddhisme).