En partant du principe selon lequel l’Église est le sujet intégral de la liturgie, tout particulièrement dans l’assemblée eucharistique, ainsi que Pie XII l’a formulé dans Mediator Dei et que saint Thomas l’avait mis en œuvre dans sa théologie sacramentaire, il est possible d’intégrer les développements médiévaux et tridentins dans une célébration du mystère qui associe pleinement les baptisés, comme l’exigent les sources les plus anciennes de la Tradition. À partir de ce principe intégrateur, il devrait être possible de commencer à discerner, dans la réforme liturgique postconciliaire et plus encore dans sa mise en œuvre effective, d’une part ce qui appartient à l’intention conciliaire de l’Église visant à inclure les fidèles de manière mystagogique dans les actes liturgiques et, d’autre part, ce qui n’est dû qu’au parasitage de cette célébration par le conditionnement sécularisant d’une société du spectacle.
Comme le pape Jean-Paul II l’avait rappelé en une occasion solennelle qui n’est pas sans lien avec notre sujet, la continuité de la Tradition de l’Église n’a rien à voir avec un quelconque fixisme. La Tradition assure sa continuité, d’une manière que le pape désignait comme « vitale », à travers un double mouvement que l’on peut qualifier à la fois de développement et de retour aux sources. Le développement dogmatique a été compris théologiquement, depuis saint Vincent de Lérins jusqu’à Newman et Soloviev, Marín-Sola et Journet, comme l’explicitation homogène d’une vérité déjà contenue, implicitement mais réellement, dans la Révélation. C’est ainsi que le premier concile du Vatican, fidèlement repris par le second concile comme le mentionne le texte de Jean-Paul II, a lui-même exposé la continuité substantielle de la foi catholique tout au long de la Tradition.