Pour saint Thomas la grâce d’union du Christ, source de sa grâce habituelle, est « naturelle » en ce sens natif que sa nature humaine a été créée en étant assumée immédiatement dans la personne divine du Verbe. Mais cette capacité naturelle que l’homme a de Dieu, manifestée suprêmement dans l’Incarnation, n’est pas celle d’une puissance passive naturelle. Elle ne se découvre comme convenance au surnaturel que dans l’acte gratuit où Dieu s’en saisit comme d’une puissance obédientielle : dans le cas du Christ, de manière immédiate, par l’union personnelle ; dans le cas des hommes, par l’habitus infus de grâce, qui leur permet de coopérer à leur propre union par opération avec Dieu.