L’institution du mariage dans le Commentaire des Sentences de saint Thomas (I)

Bertrand-Marie Perrin
5,00 € l'unité
2008 - Fascicule n°3
1800
423 - 466
Article

Résumé

Déjà dans son Commentaire sur Isaïe, saint Thomas avait parlé de l’amitié parfaite qui existe entre un homme et son épouse. Il a donc une haute conception de l’amour conjugal. Il le voit comme s’inscrivant dans le dessein de Dieu d’appeler les hommes à lui en les associant à son activité créatrice et sanctificatrice, grâce à cet amour fécond qui dans le mariage est au fondement de la famille ainsi que de la société tout entière. Mais l’institution du mariage est passée par plusieurs phases, décrites par l’Aquinate dans son Commentaire sur les Sentences : ce sont ces textes dont nous proposons ici une étude, en nous attachant surtout dans une première partie aux sources de saint Thomas, principalement saint Albert et saint Bonaventure.

Extrait

Le mariage a la particularité d’unir très intimement réalité de grâce et réalité naturelle ; cette dernière, la donation mutuelle des époux, a existé dès la création de l’homme, donc avant la chute : le mariage plonge ses racines jusque dans l’état prélapsaire, avant de devenir sacrement de la loi de nature, puis de la loi mosaïque, et enfin de la loi du Christ et de l’Esprit-Saint, la loi nouvelle. Dès sa première oeuvre théologique, le Scriptum super libros Sententiarum (Écrit sur les livres des Sentences), saint Thomas étudie l’institution du mariage tout au long des différents âges de l’humanité (étude qu’il réalise d’ailleurs pour tous les sacrements), chose qu’il ne fera plus de manière si complète et approfondie dans ses oeuvres ultérieures. Il nous a dès lors paru intéressant de présenter, à partir d’une étude systématique sur l’institution des sacrements dans le Scriptum, une synthèse sur l’institution du mariage, qui pourra offrir l’essentiel de la pensée de l’Aquinate sur cette question de l’institution. Et nous pourrons au passage noter quelques évolutions significatives de sa pensée, qui atteindra sa pleine maturité avec la Somme de théologie.