La coexistence dans l’Église de sa sainteté et du péché de ses membres n’a cessé d’aiguillonner la réflexion de Jacques Maritain sur son mystère. À la fois existentielle et spéculative, la question est présente d’un bout à l’autre de sa vie, de ses échanges, de ses travaux. Son dernier ouvrage, De l’Église du Christ, La personne de l’Église et son personnel, lui accorde une large place, nourrie par une ample réflexion sur l’histoire, qui témoigne combien celle-ci est un lieu théologique incontournable. Les lumières qu’il propose éclairent la conscience que l’Église a du péché de ses membres et spécialement ceux de ses ministres, et sont un apport important à l’ecclésiologie contemporaine.
Deux observations viennent spontanément à l’esprit à la lecture des écrits théologiques de Jacques Maritain. D’une part, les thèmes dont il traite l’ont habité tout au long de sa vie : on les voit surgir, de loin en loin, dans ses écrits comme dans sa correspondance. D’autre part, les questions qu’il aborde ne sont jamais purement spéculatives : elles l’affectent personnellement, il y a été confronté dans sa propre vie, elles sont souvent des défis auxquels il tente de répondre. C’est le cas de la question qui nous occupe ici, qui met en face l’un de l’autre la sainteté de l’Église et le péché de ses membres.