Cet article propose une relecture de la doctrine trinitaire de K. Rahner autour du concept central d'autocommunication divine, en s'appuyant sur plusieurs oeuvres. Dans le Traité fondamental de la foi, l'ouverture transcendantale de l'homme sur l'être et vers Dieu rencontre la donation que celui-ci fait de lui-même ; création et divinisation constituent alors deux modalités ordonnées de l'autocommunication divine. L'« Esquisse d'une théologie de la Trinité » explicite pour sa part de façon trinitaire l'autocommunication qui préside à l'histoire du salut, en la formalisant à l'aide de catégories existentielles. L'article caractérise ensuite l'autocommunication dans ses dimensions christologique et pneumatologique. Ici la théologie trinitaire de K. Rahner se révèle aporétique à nos yeux : si l'Incarnation est bien porteuse d'une signification pour toute créature, faut-il en retour la comprendre à partir du rapport entre la créature et Dieu ? Le rythme d'automédiation de la subjectivité peut-il être appliqué au Père, sans que le Fils et l’Esprit soient ramenés au plan de simples modalités de sa présence à soi ? En fin de compte, il faut s'interroger sur le véritable point de départ de l'intellectus fidei rahnérien : plus qu'il ne suit l'économie du Logos dans la chair, il prend pour modèle le déploiement de l'Ego transcendantal ; cela est particulièrement étudié dans l'essai « Pour la théologie du symbole ». La pertinence spéculative de la théologie trinitaire demeure toutefois dans la connexion des mystères qu ’elle opère entre Trinité, création, Incarnation et divinisation, par le biais du concept clé d’autocommunication.