Grandeur et servitudes de la doctrine politique et sociale de l’Église

François Daguet o.p.
8,00 € l'unité
2021 - Fascicule n°2
121
CXXI
2
2021
221 - 244
Article
doctrine sociale, politique, Eglise

Résumé

Le développement continu de l’enseignement politique et social de l’Église depuis bientôt un siècle et demi est un phénomène étonnant au sein de son œuvre magistérielle. Avec le recul dont on dispose désormais, on perçoit mieux la grandeur mais aussi les faiblesses d’un corpus doctrinal dont l’émergence est marquée par l’empirisme et la contingence, mais qui s’appuie aussi
sur des principes pérennes dans la tradition ecclésiale. C’est, en fait, toute une anthropologie personnelle et communautaire qui sous-tend cet ample édifice, et il serait bienvenu qu’il fasse l’objet d’une présentation d’ensemble.

Extrait

Selon une approche convenue, la doctrine sociale de l’Église émerge à l’intérieur du corpus doctrinal du magistère ecclésial avec l’encyclique
Rerum novarum de Léon XIII, en 1891. De fait, à partir de ce grand texte, les interventions du magistère pontifical — pour s’en tenir à lui — se multiplient pour devenir permanentes au long du XXe et du XXIe siècle. Non seulement les papes se sentent poussés à intervenir en matière sociale, mais le champ des interventions ne cesse de s’étendre, à la façon d’un arbre dont la ramure se déploie au rythme de sa vie. Des branches nouvelles apparaissent au long des décennies, devenant elles-mêmes des domaines spécifiques, portant chacun sur une dimension de la vie humaine en société. Depuis la fin du XIXe siècle, l’enseignement social de l’Église s’attache ainsi à traiter de thèmes qui évoluent au rythme des transformations des sociétés humaines, tout en cherchant à les éclairer par des principes pérennes susceptibles, si l’on veut bien y prêter attention, de guider l’évolution de ces sociétés