Ens et unum convertuntur : À propos de la théorie de la substance chez Aristote (II)

Dominik Lusser
5,00 € l'unité
2009 - Fascicule n°2
1800
195 - 218
Article

Sous titre

À propos de la théorie de la substance chez Aristote

Résumé

La thèse aristotélicienne de la convertibilité de l’être et de l’unité vaut si l’on regarde l’être de la substance concrète non pas comme une composition de couches, de parties ou de séquences, mais sous l’angle de sa forme comme acte. Si l’οὐσία identifiée à la forme est comprise comme ἐνέργεια et ἐντελέχεια, la question de son unité avec le corps et les étapes de sa vie ne se pose plus. Car les deux, l’acte et la puissance, sont la même chose, de manière différente. Et de même que c’est par un seul acte que Socrate est identique à tous ses états changeants, de même c’est par l’unique ἐνέργεια de l’âme que Socrate est animal en tant qu’il est homme et homme en tant qu’il est individu.

Extrait

Dans la première partie de cet article, nous avons vu que pour Aristote l’οὐσία s’identifie à la forme substantielle représentée par la différence spécifique qui désigne à elle seule la plénitude des déterminations générique et spécifique de l’objet. Par cette interprétation tout à fait originale de la définition, Aristote prépare le chemin pour comprendre l’οὐσία et la forme non plus comme une partie du tout, et donc comme une chose, mais comme le seul principe d’être et de vie de l’étant. En Métaphysique, VII, il exclut les accidents et la matière de la définition de l’οὐσία dans le but d’obtenir un principe vraiment immatériel. C’est seulement si la forme ne comporte aucune composition ou dualité qu’elle est en mesure de pénétrer son substrat matériel, de s’identifier complètement à lui et de former avec lui une unité originelle.