Dietrich de Freiberg : métaphysicien allemand antithomiste

Catherine König-Pralong
5,00 € l'unité
2008 - Fascicule n°1 - Antithomisme I pensée médiévale
1800
57 - 80
Article

Résumé

À partir de l’historiographie récente, cette contribution fait un point sur l’antithomisme de Dietrich de Freiberg. Elle distingue deux phases polémiques dans son oeuvre : d’abord les traités proprement antithomistes des années 1296-1300, puis les critiques de la scolastique parisienne égrenées dans les oeuvres postérieures. Dietrich voit en la lecture thomasienne d’Aristote une errance dans l’abstraction logique qui manque la véritable métaphysique de la forme. Dans un second temps, la figure de Godefroid de Fontaines apparaît en passeur des thèses « scolastiques » critiquées par Dietrich comme des subtilités sophistiques et vaines.

Extrait

Cet intitulé en forme d’épithète homérique remplit une double fonction. En premier lieu, il énonce une hypothèse de lecture : l’antithomisme de Dietrich de Freiberg est tributaire d’une situation culturelle — « allemande » — qui se définit en opposition à la théologie universitaire parisienne. Cette opposition est elle-même liée à une option philosophique assez radicale, le choix d’une philosophie autonome qui s’exprime sous la forme d’une métaphysique totale. Le programme métaphysique de Dietrich coupe les ponts entre théologie et philosophie, mais gomme aussi toutes traces de contingence, d’accidentel ou de délétère du champ de la philosophie. Nul aléa de la volonté, nul processus accidentel ne fissurent la cohérence métaphysique, puisque les événements aléatoires et contingents ne sont simplement pas intelligibles, donc pas intégrés à l’univers conceptuel.