La référence à saint Thomas d’Aquin dans la théologie orthodoxe moderne

Marcus Plested
8,00 € l'unité
2024 - Fascicule n°1
124
CXXIV
Mars 2024
2024
127 - 136
Article
Thomas d'Aquin

Extrait

  1. Les premières traductions du « bienheureux » Thomas

    Il y a un certain paradoxe à parler de Thomas d’Aquin en tant que saint du côté de l’Église orthodoxe puisque cette Église ne le reconnaît précisément pas comme ἅγιος (saint). Cela dit, on peut trouver maints exemples dans l’empire romain oriental (un empire appelé généralement mais de manière péjorative et anachronique « byzantin ») d’une appréciation profonde envers le Docteur angélique — non seulement en raison de son érudition mais aussi parfois de sa sainteté de facto sinon strictement de jure. Les Romains de l’empire oriental ont reconnu en particulier la dimension hellénique de l’œuvre de Thomas — sa maîtrise de la philosophie grecque, son enracinement dans les Pères grecs, et bien sûr son utilisation impressionnante de la raison humaine 1. Le traducteur principal des œuvres de Thomas en grec, Démétrios Kydonès, qui fut aussi premier ministre de l’empire au XIVe siècle, le nomme le plus souvent « μακαρίος Θωμᾶς » (bienheureux Thomas), titre normal accordé aux Pères latins dans l’Église grecque (Augustin, Jérôme, et cetera).