Programme de l’ISTA 2020 - 2021

Emmanuel Perrier

3 octobre 2020

Journée d’études : La théologie de Joseph Ratzinger

 

S1 : du 12 au 16 octobre 2020

  • Fr. François Daguet : Contribution de Thomas d’Aquin à une théologie des religions

La théologie des religions est l’un des domaines les plus novateurs de la théologie depuis le concile Vatican II. Celui-ci ouvre le champ à des questions théologiques qui appellent, selon les demandes expresses du magistère, des réponses conformes à l’ensemble de la doctrine de le foi catholique. L’œuvre théologique de Thomas d’Aquin, elle-même enracinée dans la tradition patristique, est susceptible d’apporter une précieuse contribution aux analyses contemporaines, et par là permet d’éclairer certaines des questions du débat théologique. C’est l’objet de cette session que de montrer, à travers quelques thèmes choisis, le profit que l’on peut retirer de l’œuvre du Docteur commun. 

 

  • Fr. Thierry-Dominique HumbrechtL’analogie chez Thomas d’Aquin

L’analogie chez saint Thomas, a été élucidée en 1963 par la thèse de Bernard Montagnes. Elle est très étudiée depuis chez les autres auteurs, et le contraste apparaît entre chacun d’eux. Chacun a la sienne, ou bien n’en a plus du tout. Pourtant, deux dossiers continuent à être vifs : la relativisation inattendue de la lecture de Montagnes, comme si le réel n’avait pas eu lieu, et surtout les enjeux théologiques et philosophiques de ce que l’analogie suppose et implique : un certain accès de la connaissance à Dieu, la création, bref, une certaine façon de concevoir la métaphysique et peut-être aussi la théologie.

 

S2 : du 30 novembre au 4 décembre 2020

  • Fr. Emmanuel Perrier : L’enseignement de saint Thomas sur le Livre de Vie

Dieu connaît les siens (2Tm 2,19), leurs noms sont inscrits dans les cieux (Lc 10,20 ; He 12,22). L’image du Livre de vie revient fréquemment dans les saintes Écritures pour désigner cette connaissance en Dieu de ceux qui sont élus à la vie glorieuse. Saint Thomas d’Aquin a pris la peine de réfléchir à plusieurs re

prises sur la raison d’être de cette image, qui ne se confond ni avec la divine providence ni avec la prédestination. L’existence du Livre de vie nous indique la manière dont Dieu se souvient des saints, une mémoire qui fait leur gloire, qui rend glorieuse leur participation à la vie divine et qui réjouit ceux qui la reçoivent autant que l’Église tout entière. 

 

  • Fr. Philippe-Marie Margelidon : Prophétie et miracle selon S. Thomas d’Aquin

La prophétie et le miracle sont des “signes très certains de de la Révélation”  (Constitution Dogmatique Dei filius du concile Vatican I, cf. Dz, n° 3009). Toute une apologétique catholique, entre 1870 et 1950, s’est  organisée sur ce fondement. On parlait de motifs de crédibilité, d’évidence de crédibilité et de démonstration de crédibilité, dont le miracle et la prophétie étaient les arguments majeurs. Si apologétique nouvelle il dit y avoir, dans le cadre de ce qu’on appelle la “nouvelle évangélisation”,  il n’est pas inutile d’examiner et d’analyser chez saint Thomas d’Aquin la place et la signification de ces deux “signes”, à partir du Contra gentiles , de la Summa theologiae et de ses commentaires bibliques.

 

S3 : du 1 au 5 février 2021 

  • Fr. Serge-Thomas Bonino : La simplicité de Dieu selon saint Thomas d’Aquin

La simplicité, c’est-à-dire l’absence de toute composition métaphysique, en Dieu, Acte pur et être même subsistant, est dans la Summa theologiae (Ia, q. 3) la perfection clé qui ouvre et gouverne l’ensemble de la réflexion de saint Thomas sur le mystère même de la substance divine commune aux trois personnes de la Trinité. En prenant appui sur l’étude systématique de la q. 3, on verra comment la doctrine de saint Thomas sur la simplicité s’enracine dans la Tradition chrétienne, met en œuvre les thèses métaphysiques les plus originales de l’Aquinate, gouverne les modalités du discours sur Dieu et est en mesure de se justifier au regard des critiques que lui adressent certaines théologies contemporaines.

  • Sr. Marie de l’Assomption : Nature et grâce chez Thomas d’Aquin

La question des relations entre la nature et la grâce est au cœur de la théologie de saint Thomas d’Aquin, mais elle a subi d’importantes modifications au sein de l’École thomiste, dénoncées par Lubac avec la publication de Surnaturel en 1946, qui déclencha la célèbre controverse du même nom. Il s’agit de reprendre les points clés de ce débat en montrant que, selon la pensée thomasienne authentique, 1° la capacité naturelle à la grâce de l’homme n’est pas une puissance obédientielle ; 2° il y a un appétit naturel et inné de l’intellect pour cette vision ; 3° par conséquent, aucune autre fin ultime ou béatitude n’est envisageable en dehors de la vision de l’essence divine ; 4° celle-ci reste cependant gratuite du fait qu’elle est inaccessible aux facultés naturelles. On peut ainsi mesurer l’originalité de l’anthropologie de l’Aquinate qui donne à la nature une consistance qu’elle n’avait pas chez Augustin, mais n’intègre Aristote qu’en le réinterprétant de manière radicale à la lumière de la Révélation. 

 

S4 : du 22 au 26 mars 2021

  • Fr. Henry Donneaud : Jalons pour une théologie de la vie consacrée

Depuis cinquante ans, stimulée par le propos de rénovation voulu par le Concile, la théologie de la vie consacrée a connu une riche effloraison, marquée par la multiplication des paradigmes proposés. Cela n’a pas été sans un éclatement des orientations, au point qu’une théologie un peu unifiée de la vie religieuse semble désormais impossible, hautement problématique, ou tout simplement indésirable. Il n’est pas jusqu’à certains textes du magistère qui semblent un peu tâtonner. Le chapitre VI de la constitution Lumen gentium offre pourtant une synthèse solide, équilibrée, et fort autorisée, dont on ne peut que regretter que les théologiens de la vie consacrée ou les pasteurs ne s’y réfèrent pas plus attentivement. Par mode d’un commentaire historico-doctrinal de ce texte conciliaire, le cours s’attachera à dégager les fondements pérennes, anciens et nouveaux à la fois, sur la base desquels il est possible d’édifier une théologie ouverte et unifiée de la vie consacrée.

 

  • Fr. Thierry-Marie Hamonic : Les sens internes chez saint Thomas

Les sens internes ont pour objet les actes des sens externes à partir desquels ils élaborent des re-présentations : les phantasmes. Dans l’anthropologie de Saint Thomas, le rôle des sens internes et de leurs phantasmes respectifs est considérable : le sensus communi rend les perceptions sensibles conscientes, l’imagination les conserve et peut les reproduire ou les combiner entre elles, la mémoire sensible – entre autre chose – dispose de l’étonnant pouvoir de rendre présentes les perceptions du passé en tant que passées.  

Mais le sens interne le plus mystérieux et le plus fascinant est la cogitative. Les activités que S. Thomas lui attribue sont multiples et complexes : elle joue un rôle décisif dans le processus de l’abstraction, elle est au principe de des mouvements passionnels des appétits sensibles, et elle s’avère indispensable dans la formation de tout jugement pratique… Or, pour S. Thomas la cogitative, à l’instar de toutes les puissances sensibles, est une faculté organique. A la suite d’Avicenne, il  lui assigne un siège dans une région du cerveau. Ceci nous conduira à réfléchir sur l’éclairage que les neurosciences peuvent apporter sur son mode de fonctionnement, et plus généralement sur l’enracinement neurophysiologique du psychisme humain.

 

28 - 29 mai 2021 :

Colloque Revue thomiste : Le concept de nature chez Thomas d’Aquin

 

S5 : du 31 mai au 4 juin 2021

  • Fr. Gilbert Narcisse : La science du Christ chez saint Thomas et les présupposés des positions modernes

On présentera d’abord un status questionis du sujet, de l’origine de la question jusqu’à des études contemporaines. L’attention sera attirée sur les thèmes suivants : les présupposés des diverses réponses ; le rôle d’une théorie de la connaissance humaine ; les enjeux proprement théologiques ; l’importance de tenir ensemble les diverses sciences du Christ.

 

  • Fr. Thomas Michelet : Foi et sacrements

La foi est-elle requise pour la célébration des sacrements, et si oui, à quel titre ? Est-elle une condition de fructuosité du don de la grâce, de licéité du rite, ou même de validité ? Cette question, déjà réglée par la Tradition et le Magistère, se pose aujourd’hui d’une manière nouvelle avec la sécularisation et la sortie de la chrétienté. Le dernier document de la Commission théologique internationale (mars 2020) s’efforce d’y répondre en la situant dans le cadre plus large de la sacramentalité fondamentale contemporaine. Ce sera notre point de départ et notre guide pour relire ce dossier à la lumière de S. Thomas d’Aquin.