S1 : du 10 au 14 octobre 2022
Fr. Thierry-Dominique Humbrecht : Autour de l’analogie
L’analogie chez saint Thomas, longtemps bouteille à encre, a été élucidée en 1963 par la thèse de Bernard Montagnes. Elle est très étudiée depuis chez les autres auteurs, et le contraste apparaît entre chacun d’eux. Chacun a la sienne, ou bien n’en a plus du tout.
Pourtant, deux dossiers continuent à être vifs : la relativisation inattendue de la lecture de Montagnes, comme si le réel n’avait pas eu lieu, et surtout les enjeux théologiques et philosophiques de ce que l’analogie suppose et implique : un certain accès de la connaissance à Dieu, la création, bref, une certaine façon de concevoir la métaphysique et peut-être aussi la théologie.
Fr. Emmanuel Perrier : L’unique opération en Dieu.
L’affirmation qu’il y a en Dieu une unique opération s’est imposée à l’époque du concile de Nicée pour défendre la foi en l’égalité et la consubstantialité des personnes divines. Tenu par nécessité, ce principe n’a cependant pas cessé d’embarrasser les théologiens dès lors qu’ils essayaient de rendre compte de l’agir de Dieu dans le monde. Nous essayerons de prendre la mesure des difficultés posées et de voir comment saint Thomas les comprend et les résout. On constatera notamment que le principe de l’unique opération en Dieu impose à la fois des clarifications métaphysiques et une rigueur théologique.
S2 : du 28 novembre au 2 décembre 2022
Fr. Philippe-Marie Margelidon : De la « Summa theologiae » au « De unione Verbi incarnati » : L'articulation de la personne et de la nature dans la christologie de saint Thomas.
Nous proposons par l'étude des textes d'examiner la manière dont saint Thomas dans ses dernières oeuvres articulent les deux concepts de personne et de nature en christologie, et la manière dont il met en rapport la métaphysique de la personne et les vérités de la foi formulées dans les conciles christologiques d'Ephèse à Constantinople III.
Fr. François Daguet : Introduction à la théologie du dessein divin chez Thomas d'Aquin.
Comme tout docteur médiéval, saint Thomas d’Aquin reçoit des Pères de l’Eglise sa compréhension de l’agir divin dans le monde créé, spécialement celui des créatures spirituelles, mais il l’exprime avec l’appareil philosophique qui est le sien. La théologie thomasienne accorde une grande importance à l’économie première, ou de justice originelle, afin d’éclairer la reprise du dessein dans l’économie de la rédemption. Cette conception du dessein divin apparaît comme le cadre d’ensemble des différents traités de Thomas, et éclaire sa conception de l’Eglise, comme objet du dessein de Dieu sur tout le monde créé.
S3 : du 30 janvier au 3 février 2023
Fr. Serge-Thomas Bonino : L'immortalité de l'âme chez saint Thomas.
(à venir)
Fr. Thomas Michelet : L’un et l’autre sacerdoce
Il s’agit de voir si l’on a chez Saint Thomas des points d’appui pour comprendre l’articulation faite par Lumen Gentium 10 du sacerdoce baptismal (sacerdoce commun) et du sacerdoce ministériel (sacerdoce hiérarchique), les deux étant « mutuellement ordonnés l’un à l’autre » en tant qu’ils participent tous les deux mais d’une manière différente à l’unique sacerdoce du Christ. On peut le faire à partir de ST III Q. 63 sur le caractère sacramentel en général, ce qui couvre le caractère baptismal et le caractère sacerdotal (au sens du sacerdoce ordonné). Thomas y articule les deux caractères d’une manière complexe et quelque peu inattendue en distinguant le caractère en tant que res et sacramentum, c’est-à-dire comme signe (et donc comme relation) et le caractère en tant que caractère proprement dit, c’est-à-dire comme puissance spirituelle (et non pas comme relation): puissance à recevoir ou puissance à donner aux autres ce qui concerne le culte de Dieu (art 3 c.). Or S. Thomas dit qu’il s’agit là d’une puissance instrumentale, le ministre étant un instrument (art. 2 c.) Mais il le dit à ce stade du caractère en général, ce qui vaut donc pour les deux caractères. On voit bien en quoi le caractère sacerdotal est instrumental comme puissance à donner, mais en quoi le caractère baptismal est-il instrumental? Le caractère sacerdotal fournissant au culte des ministres pour donner les sacrements, tandis que le caractère baptismal fournit des bénéficiaires du culte divin (art. 5 c.) Ne faut-il pas comprendre alors l’exercice du culte comme instrumental et ministériel même du côté de ses bénéficiaires, en tant qu’ils exercent pour leur part l’unique sacerdoce du Christ ?
S4 : du 20 au 24 mars 2023
Fr. Benoît-Dominique de La Soujeole : Harmonie ou équilibre : le choix d’une forma mentis.
La métaphysique présuppose une physique. Dans l’histoire de la pensée occidentale deux regards sur la physique se sont succédés, le premier reposant souvent sur la notion d’harmonie (et vocabulaire voisin) et ouvrant sur la métaphysique, le second exprimé par la notion d’équilibre et se passant de toute métaphysique. Le cours présentera les deux modèles avec leurs conséquences en théologie dogmatique et morale.
Fr. Luc-Thomas Somme : Tu aimeras ton prochain comme toi-même
Aimer Dieu et aimer notre prochain nous sont également commandés. Mais de quel amour ? Est-ce d'une même et unique charité ? Aime-t-on le prochain pour lui-même ou pour Dieu ? Et d'ailleurs qui est le prochain ? Le plus proche naturellement ou le plus nécessiteux ? Et que signifie « comme toi-même » ? Si l'amour de l'autre procède de l'amour de soi n'est-il qu'un égoïsme détourné ? L'amour doit-il être pur de tout intéressement ? Pour l'éclaircir on ne sera pas surpris que saint Thomas convoque la Bible, le Philosophe, saint Augustin. Mais d'étranges convives s'invitent au festin : Hobbes, Hume, Fénelon, Nygren, Ricoeur... Sauront-ils s'aimer ?
S5 : du 22 mai au 26 mai 2023
Fr. Henry Donneaud : La surnaturalité de la foi théologale au XIIIe siècle
Porte d’entrée incontournable de l’homme dans la vie divine et de la vie divine en l’homme, la foi se présente comme la réponse de l’homme à la Parole de Dieu sous l’influx même de la grâce de Dieu. Comment comprendre l’articulation, en elle, de la liberté et de l’obéissance, de la grâce divine et du désir humain, des facteurs affectifs et intellectuels, de l’implicite et de l’explicite, du définitif et du progressif ? Le cours s'attachera à suivre le développement de ces questions chez les maîtres du XIIIe siècle, en particulier l'origine et l'élaboration de la doctrine thomiste de la surnaturalité essentielle du motif de la foi, appuyée sur les maîtres antérieurs mais rapidement contestée par Duns Scot.
Abbé Charles Rochas : La science bienheureuse du Christ dans les commentaires bibliques (Matthieu, Jean, Hébreux) et la Somme de saint Thomas (IIIa, qq. 9-10).
Jésus, dans son intelligence humaine, savait-il tout sur tout ? Jouissait-il d’une connaissance humaine en tous points semblable à la nôtre ? Celui qui était plein de grâce et de vérité et qui avait reçu l’Esprit sans mesure pouvait-il être surpris, étonné, admiratif ou même grandir en sagesse et en grâce ? Pouvait-il être bienheureux sur la terre tandis qu’il souffrait et se déclarait abandonné par Dieu dans la Passion ?
La session exposera la doctrine de saint Thomas d’Aquin sur la scientia visionis – la vision immédiate de l’essence divine par l’intellect humain – du Christ durant sa vie terrestre pré-pascale. D’après le docteur commun, cette science est bienheureuse parce qu’elle constitue la béatitude de l’âme fixée dans le bien. Nous montrerons que la position de saint Thomas est déterminée par des motifs premièrement scripturaires. Nous nous concentrerons tout d’abord sur les commentaires scripturaires majeurs de l’Aquinate, pour ensuite analyser la doctrine de la Somme de théologie à la lumière de l’étude desdits commentaires.