Définition : âme

Âme (anima),

À la suite d’Aristote, saint Thomas fait de l’âme un principe immatériel de vie dans des êtres corporels. Les êtres vivants sont animés, ils ont une âme proportionnée à leur espèce. L’âme est ce qu’on appelle la forme d’un corps vivant, ou encore l’acte premier d’un corps organisé. On dira qu’elle est la forme substantielle d’un être vivant et son principe formel de vie. Tout être vivant a donc une âme : elle est dite végétative pour les plantes, sensitive chez l’animal, raisonnable chez l’homme. D’une manière générale elle est, chez les trois types d’êtres vivants, principe intrinsèque d’action et d’opération, c’est-à-dire de l’action par laquelle un être se meut soi-même à ses actes et à son opération. Chez l’homme l’âme est parfois appelée mens, esprit, en raison de son immatérialité subsistante. Non soumise, de ce fait, à la corruption (à la différence des âmes végétative et sensitive), elle est, en tant que forme, principe animateur de tout l’être corporel humain, par conséquent le principe de ses activités végétatives et sensitives en même temps que le principe de sa vie de pensée. Cf. ST, Ia, q. 75, a. 1.

 

Âme humaine (anima humana, anima intellectiva),

Elle est rationnelle, c’est-à-dire principe de vie rationnelle et consciente, ou encore de vie spirituelle. L’âme humaine est la forme substantielle du composé hylémorphique humain et elle exerce, outre les fonctions supérieures de l’intelligence et de la volonté, les fonctions inférieures de l’âme végétative et sensitive propres à l’animal et au végétal. Elle n’est pas une forme matérielle, c’est-à-dire que son immatérialité est subsistante, parce qu’elle est le principe radical d’opérations intellectuelles et volontaires grâce à ses deux puissances (accidents propres) d’intelligence et de volonté. Certes, celles-ci ne peuvent, dans la condition incarnée, produire leurs opérations que par l’intermédiaire des organes du corps. Elles sont donc les puissances de l’âme qui est forme du corps, mais elles-mêmes ne sont pas formes du corps. Cette transcendance de l’âme humaine par rapport à la matière qu’elle informe pour en faire son corps, atteste que l’âme humaine est immortelle et capable de subsister après la mort, c’est-à-dire à la séparation de l’âme et du corps. Cf. ST, Ia, q. 75-83.

Voir Philippe-Marie Margelidon, Yves Floucat, Dictionnaire de philosophie et de théologie thomistes, p. 40.