Pendant la première moitié du XIIIe siècle, plusieurs maîtres à l’Université de Paris ont abordé la question de la possibilité pour les damnés de bénéficier des suffrages de l’Église, malgré l’opposition des autorités d’Augustin et de Grégoire le Grand. Durant la seconde moitié du siècle, à l’exception notable de Guillaume d’Alton, les théologiens ont rejeté sans ambiguïté cette possibilité. Ce rejet a trouvé son expression la plus élaborée dans l’un des premiers ouvrages de Thomas d’Aquin, à savoir son commentaire du livre IV des Sentences de Pierre Lombard.
Cette remarque pessimiste, attribuée au roi Salomon, n’était que l’un des nombreux versets de l’Ecclésiaste qui intéressaient les exégètes biblistes du Moyen Âge tardif. Apparemment l’ensemble des doctrines de l’Église sur l’au-delà était mis en cause par ce verset, en particulier, le purgatoire et les jugements particulier et général. Ces questions avaient attiré relativement peu l’attention des Pères de l’Église et des théologiens du haut Moyen Âge, à la différence des questions concernant la Trinité, l’Incarnation, les sacrements et la grâce. Pourtant, elles prirent une importance considérable durant le xiiie siècle, en partie en raison de la négation du purgatoire de la part des albigeois et des vaudois, et en partie en raison de l’hésitation de l’Église grecque d’accepter le langage plus formel de l’Église latine concernant le jugement particulier, qui est le jugement de chaque âme individuelle après la mort, suivi de son admission soit au ciel ou au purgatoire soit en enfer. Une autre raison était l’entrée dans l’Occident latin de la pensée d’Averroès et, plus particulièrement, de la doctrine de l’unicité de l’âme intellectuelle pour tous les hommes (le monopsychisme), qui lui a été attribué faussement, et que les historiens désignent à tort comme doctrine « averroïste ».