Selon l’enseignement de l’Église, nous ressusciterons dans cette chair avec laquelle nous vivons et nous existons. Selon Thomas d’Aquin, notre corps ressuscitera selon son identité numérique, sur le modèle de celui du Christ. Il se retrouvera physiquement et numériquement identique dans la condition glorieuse. Cette thèse a soulevé diverses questions et réponses vis-à-vis desquelles la théologie contemporaine est plus réservée ou plus en retrait. Cependant, elle est toujours sensible à penser le corps, l’âme séparée et le jugement. Surtout loin d’éluder la question de l’identité, elle s’interroge sur son principe : réside-t-il dans la matérialité ou dans une figure immanente et incorruptible du corps ou l’âme est-elle le principe suffisant de notre corporéité retrouvée ?
Ce titre en forme de chiasme relie, en les distinguant, l’acte et l’effet de la résurrection qui est de nous doter d’une corporéité à l’image de celle du Christ pascal. Cet événement mystérieux, objet de l’espérance chrétienne, nous projette dans un insaisissable au-delà du temps. Confessé par le Credo, il figure dans le rituel des Funérailles comme antidote à la mort qui marque, selon les apparences, le retour irréversible de la vie au néant et la dissolution du corps dans la multiplicité de ses particules matérielles. Si les prières de ce rituel rappellent surtout la résurrection du Christ, elles appliquent plus parcimonieusement ce vocabulaire aux fidèles défunts, lui préférant le langage plus commun de la vie ou de la communion avec le Christ, comme si elles voulaient ménager les oreilles d’un public souvent étranger, voire rétif au langage chrétien, en recourant à des catégories langagières plus accessibles. Sans éluder le vocabulaire de la résurrection, il faut convenir que son sens demeure hermétique, sinon trompeur, aux oreilles des chrétiens du seuil et même de celles des fidèles qui récitent habituellement le Credo, sans se poser beaucoup de questions sur des formules admises par la force du rite et de l’habitude. Mais si l’intelligence déserte la vérité de foi professée, cette vérité en devenant opaque finira par se vider de son contenu.