On a jusqu’ici prêté trop peu d’attention à ce qu’il pouvait y avoir de révélateur d’une mutation profonde de la science théologique dans le monumental Dictionnaire de théologie catholique (DThC) publié de 1899 à 1950 par les éditions Letouzey et Ané et dont les quinze tomes en trente volumes ont été successivement dirigés par les abbés Alfred Vacant (1852-1901), l’initiateur scientifique du projet, Eugène Mangenot (1856-1922) et Émile Amann (1880-1948), avant que sceau ultime ne fût mis à l’entreprise par le chanoine Albert Michel (1877-1972). L’ouvrage était destiné en premier lieu à servir d’outil de travail aux étudiants des grands séminaires — en principe, il y en avait un par diocèse, selon les dispositions du Concordat de 1801 —, qui y recevaient, entre autres, une solide formation théorique en philosophie et en sciences ecclésiastiques : théologies dogmatique et morale, droit canon, Écriture sainte, histoire de l’Église. Le plus souvent tenus par des sulpiciens, les grands séminaires se caractérisaient par une relative uniformité de l’enseignement qu’ils dispensaient. Tirant les leçons de la promulgation de la loi de 1905, leurs supérieurs prennent d’ailleurs l’habitude de se rencontrer dans le cadre de l’Alliance des grands séminaires : entre 1906 et 1914, neuf congrès sont ainsi tenus.