Le livre du cardinal Lustiger, La Promesse (2002), a étonné par son enseignement sur le rapport entre christianisme et Israël. Déjà la parole de Jean-Paul II sur l’Alliance entre Dieu et Israël « jamais dénoncée » avait surpris. La présente étude porte sur l’enracinement de ces enseignements dans la Tradition profonde de l’Église.
La récente parution d’une traduction française du Marcion d’Adolf von Harnack — un maître en matière d’histoire du christianisme primitif — incite à remettre sur le chantier un problème qui s’est posé aux chrétiens depuis qu’ils existent, et qui se pose à eux encore actuellement : à savoir leur relation à l’Ancien Testament et au peuple qui s’enréclame directement encore aujourd’hui, le peuple juif. Le problème a accompagné le christianisme tout au long de son histoire.Il continue à se poser au XXIe siècle. Les réactions passionnées suscitées par le livre du cardinal Jean-Marie Lustiger, La Promesse (2002), l’illustrent amplement. L’Église « ne peut subsister comme Église que dans le mystère de la grâce faite à Israël », lit-on au début du livre. « Dans ce mystère les païens doivent reconnaître un don qui leur est fait gratuitement ». « Le chemin que devront faire les païens, c’est précisément de venir à Jérusalem pour accueillir ce Messie dans cette histoire ». Or il s’agit de l’histoire d’Israël : en Jésus « la promesse faite à Israël s’accomplit », d’où le titre du livre. Le baptême, du fait qu’il incorpore le baptisé au Christ, est également « une incorporation à Israël ». Aussi « le mystère d’Israël, c’est indissolublement le mystère des chrétiens ». Le cardinal met les chrétiens en garde contre une tentation qui les guette actuellement : ne voir dans les Saintes Écritures d’Israël qu’un simple « substrat culturel », auquel les divers peuples évangélisés à travers le substitueront tout normalement leur propre substrat culturel, riche parfois d’écrits très anciens, comme en Inde par exemple.