Les dons du Saint-Esprit dans la Doctrine spirituelle du P. Louis Lallemant. Pourquoi le choix de saint Thomas ?

Louis-Marie Couillaud
8,00 € l'unité
2021 - Fascicule n°1
121
CXXI
1
2021
89 - 112
Article
don, Esprit Saint, Doctrine

Résumé

La proximité de l’œuvre du jésuite Louis Lallemant (1588-1635), la Doctrine spirituelle, avec l’enseignement théologique de saint Thomas d’Aquin a été remarquée depuis longtemps. Ce constat vaut tout particulièrement pour les chapitres que le P. Lallemant consacre à la docilité au Saint-Esprit et à la place des dons du Saint-Esprit dans l’organisme spirituel de tout baptisé. L’auteur rappelle ici tout d’abord que cette proximité s’enracine dans le choix historique de saint Ignace de Loyola et des membres de la Compagnie de Jésus d’avoir saint Thomas d’Aquin pour « docteur propre ». Puis il présente comment et pourquoi le fondement théologique du traité des dons du Saint-Esprit dans la Somme de théologie — l’Esprit Saint gouverne les âmes vers leur fin surnaturelle — se retrouve au coeur de la théologie mystique du P. Lallemant.

Extrait

La diffusion et la réputation de l’œuvre du P. Louis Lallemant (1588-1635), la Doctrine spirituelle, manifestent la place particulière de ce membre de la Compagnie de Jésus parmi tous les écrivains mystiques. L’abbé Henri Bremond, dans son Histoire littéraire du sentiment religieux, amplifie encore cette réputation lorsqu’il évoque « la simplicité lumineuse et profonde, et, plus encore, la cohésion, la solidité de cette doctrine » qui en font « l’un des trois ou quatre livres essentiels de la littérature religieuse moderne ». Ce jugement du célèbre académicien repose en particulier sur son étude du IVe principe de la Doctrine spirituelle, à savoir la docilité à la conduite de l’Esprit Saint. Tout en tenant compte des nuances apportées récemment par le P. Tibor Bartók sur l’appréciation générale de Bremond, il faut reconnaître que ce qu’il écrit à propos de ce IVe principe trouve une confirmation lointaine dans ce propos du P. Rigoleuc, lui-même élève du P. Lallemant : « S’abandonner entièrement à la conduite du Saint-Esprit. C’était là sa grande maxime, et presque tous ses entretiens ne tendaient qu’à [nous] expliquer en quoi consiste cette conduite, et à [nous] en montrer les avantages d’une manière qui [nous] attirât à la suivre. » D’ailleurs, en affirmant que « toute la doctrine du P. Lallemant se ramène à ce [IVe] principe », l’abbé Bremond exprime une conclusion commune aux commentateurs, anciens et modernes, de la Doctrine spirituelle.