Cet article traite de la théorie de l’option finale dans la mort telle qu’elle est développée par Palémon Glorieux et Ladislas Boros. Après avoir présenté les principes essentiels qui ont conduit à l’élaboration de ladite théorie ainsi qu’aux développements actuels qui en découlent, l’auteur cherche à démontrer que la théorie ne rend justice ni à une saine anthropologie thomisteni au dogme révélé. S’efforcer d’imaginer une option pour Dieu, grâce à l’intensité d’un « moment de la mort » qui serait à la fois in statu viae et in statu termini, malgré toute son ingéniosité, est non seulement voué à l’échec mais aussi présente le sérieux inconvénient d’amoindrir l’appel évangélique à la conversion et au devoir de veiller dans l’attente du Fils de l’Homme.
Il n’est pas rare de nos jours d’entendre parler de la mort comme d’un moment de rencontre avec le Christ. Traditionnellement, cette rencontre est présentée comme une comparution devant le Christ-juge dans le contexte du jugement particulier. Cependant, aujourd’hui, on la présente parfois comme un moment d’illumination et de réévaluation de sa vie en vue de prendre une option ultime en faveur de Dieu. Des modèles variés d’une telle hypothèse sont proposés, mais tous éprouvent une difficulté à expliquer quand aurait lieu une telle rencontre. Pour les uns, elle aurait lieu entre la mort clinique et la mort réelle, donc en réalité avant la mort ; pour d’autres, elle serait possible en un « moment d’intensité » qui ne serait ni avant, ni après, mais dans la mort ; enfin, certains pensent qu’elle se passerait dans l’au-delà, après la mort.
Nous estimons que la première solution, même si elle mérite considération, est un domaine fermé à toute investigation rationnelle. Pour la deuxième, nous nous efforçons dans ces pages de démontrer que l’expression dans la mort signifie ni plus ni moins que : après la mort. Quant à la troisième — et donc à la deuxième aussi —, nous voulons montrer qu’elle se trouve en défaut par rapport à l’enseignement de l’Église sur la mort comme fin du status viae, et sur le jugement particulier qui advient in morte.