Le sujet qui m’a été proposé, « Mémoire de saint Thomas d’Aquin et tradition », semble tellement large, tellement vaste, qu’il s’apparente sans doute à une épreuve, disons un test. Il en allait ainsi de certains concours d’entrée à des écoles françaises bien connues. Au cours d’un de ces exercices, il m’avait été demandé d’expliquer comment le terme latin sinistra qui signifiait « main gauche », à ses origines, en était arrivé à désigner deux termes différents, sinon opposés, du français moderne : gauche, notamment la gauche politique, et sinistre. Dans ce que l’on appelait le « grand oral », l’important ne résidait pas tellement dans le contenu de la réponse elle-même, me semblait-il, mais plutôt dans la manière dont la question était interprétée et renvoyée à celui qui l’avait posée. J’aurais pu donc rappeler que, déjà à ses origines, sinistra signifiait « main faite pour le vol », ce qui annonçait une évolution négative, mais j’ai préféré détourner la demande, en avouant ingénument qu’il m’était difficile d’expliquer une différence… que je ne percevais pas ! Cette réponse ne m’avait pas valu une si bonne note que ça… nous étions à la veille de 68 ! Je traduis pour aujourd’hui : voyons donc ce que peut bien pouvoir dire un évêque qui a toujours revendiqué sa proximité avec la pensée de saint Thomas, sans jamais appartenir à l’École.
