Le beau dans son rapport au bien selon saint Thomas d’Aquin

David Perrin o.p.
8,00 € l'unité
2020 - Fascicule n°1 2020 - Tome CXX
2020
99 - 112
Article
beau, bien, Thomas d'Aquin

Résumé

Cet article est consacré à la question du rapport du beau au bien dans l’oeuvre de saint Thomas d’Aquin. Il s’agit de comprendre ce qui fonde la convertibilité du beau et du bien et leur identité quant au sujet, d’une part, leur différence notionnelle, d’autre part, sous le rapport des puissances de l’âme qu’ils engagent et de la délectation qu’ils procurent.

Extrait

Le premier récit de la création, dans le livre de la Genèse, évoque, à de nombreuses reprises, la contemplation de Dieu devant son oeuvre : « Et Dieu vit que cela était bon » (Gn 1, 10) 1. Mais peut-être faudrait-il traduire en s’inspirant de la Septante : « Et Dieu vit que cela était beau » car le mot hébreu ṭōb comme l’adjectif grec kalós peuvent signifier à la fois ce qui est bon et ce qui est beau. Les deux langues dont Dieu s’est servi pour parler aux hommes, l’hébreu et le grec, manifestent, par cette ambivalence linguistique, le rapport étroit qui existe entre la bonté et la beauté.

Ce lien a fait l’objet, en Occident, d’une intense réflexion philosophique et théologique qui, avant les scolastiques médiévaux, a engagé les plus grands esprits de l’Antiquité grecque et latine, païenne et chré-tienne. Peut-on compter saint Thomas d’Aquin dans cette longue histoire et considérer ses propos sur le beau dans son rapport au bien comme une pierre d’importance apportée à l’édifice de la pensée ? Nous pensons que c’est le cas même si nous devons reconnaître, primo, qu’il fut et restera longtemps sans doute l’auteur le plus concis et le plus mesuré sur cette question, secundo, qu’il synthétise de manière originale un grand nombre d’idées anciennes (Augustin, le Pseudo-Denys…) et récentes.