La théologie des religions chez Charles Journet

CAGIN Michel
5,00 € l'unité
2006 - Fascicule n° 1 et 2 - Saint Thomas et la théologie des religions 2006 - Tome CVI
173 - 204
Article
Théologie, Charles Journet, Religion

Résumé

Charles Journet aborde d’emblée la réflexion théologique sur les religions dans la perspective d’une théologie de l’Histoire du salut, à la lumière du thème patristique de l’Ecclesia ab Abel. C’est son apport le plus fondamental. Il embrasse toute l’histoire religieuse de l’humanité et permet de rendre raison de l’affirmation de l’universalité salvifique du Christ. Le statut actuel des religions est envisagé dans cette perspective, à la lumière de ce que la Révélation nous dévoile du dessein de Dieu, de son développement et de ses vicissitudes.

Extrait

Le sujet pourrait paraître anachronique et sans objet. À l’époque où Charles Journet élabore son oeuvre théologique, la question dominante, sinon exclusive, qui en ce domaine occupe les théologiens, est celle de l’appartenance à l’Église des hommes qui vivent en dehors de son unité visible, sous d’autres climats spirituels ; par conséquent c’est la question de leur salut personnel, non celle du statut des religions elles-mêmes et de leur rôle éventuel par rapport au Salut des hommes, qui est en jeu. « Qui est membre de l’Église ? » Charles Journet est lui-même l’un de ceux qui ont le plus contribué, et de façon décisive, à renouveler et à développer la théologie de l’appartenance différenciée à l’Église, en lien avec un approfondissement de la nature de l’Église.
Cependant, on remarque que Journet s’est très tôt intéressé à ce qui touche aux religions non chrétiennes. En témoignent des recensions, des références, des comptes rendus de conférences. Mais il y a plus. Pour introduire notre sujet, nous partirons d’un texte ancien, datant de la fin des années 20. Il n’est pas rare de trouver dans les écrits du tout jeune Journet — la plupart du temps antérieurs au projet de son traité de l’Église — l’intuition, le germe, la première esquisse de ce qui formera les lignes maîtresses ou les apports les plus originaux de son oeuvre. L’intérêt du texte en question est donc de révéler la précocité de l’intérêt du théologien pour les religions, et, plus encore, d’ouvrir une perspective théologique fondamentale.