La science infuse du Christ selon saint Thomas d'Aquin

Philippe-Marie Margelidon o.p.
5,00 € l'unité
2014 - Fascicule n°3 2014 - Tome CXIV
379 - 416
Article
Christ, Thomas d'Aquin, science infuse, Science

La science infuse du Christ selon saint Thomas d'Aquin

Article écrit en l'année 2014 par Ph.-M. Margelidon o.p. dans la Revue thomiste n° CXIV, pages 379-416.

Résumé

Le traitement thomasien de la science du Christ provoque des appréciations contrastées et suscite parfois de fortes réserves de la part de théologiens contemporains. Les disciples d'Aquinate eux-mêmes ne sont pas unanimes. La science de vision fait l'objet de critiques auxquelles ils n'ont pas été insensibles. Dans l'articulation parfois problématique des trois modes humains de connaissance, la science infuse a du mal à trouver sa place. Saint Thomas lui accorde pourtant un statut médiat entre la science acquise et la science de vision qui semble à beaucoup d'interprètes difficile à préciser. la perfection de la connaissance humaine du Christ inclut-elle nécessairement un mode de connaître plus apparenté aux anges qu'aux hommes? Cette étude propose d'examiner les quelques textes où saint Thomas en fournit l'exposé le plus développé et d'en préciser les justifications théologiques. Il convient d'en formuler adéquatement la valeur noétique et la convenance au regard de la fin rédemptrice de l'agir du Christ.

Extrait

La science infuse du Christ pose un certain nombre de difficultés aux théologiens, même thomistes. Entre la science dite de vision et la connaissance acquise (ou expérimentale), il semble difficile d’intercaler un nouveau modèle de savoir, plus proche de la connaissance angélique que de la connaissance humaine. Dès lors son statut problématique pose une question épistémologique relative à sa nécessité. Pourtant saint Thomas ne l’affirme pas seulement pour des raisons de tradition scolaire. Il reçoit certes cette donnée de l’enseignement qu’il hérite, mais comme pour tout ce qu’il reçoit, il cherche à la fonder et à la justifier (par des raisons de convenance) autant que possible à la lumière du mystère du Christ révélateur, docteur et maître. Résumons les objections actuelles qui sont fortes. Elles invitent à reconsidérer la position thomasienne, à vérifier sa solidité, à interroger ses fondements et à mesurer la portée de ses justifications.