Depuis plusieurs décennies, des théologiens remettent en question la vision traditionnelle du moment de la résurrection générale. Ils proposent d’identifier le moment de la résurrection au moment de la mort de l’individu (« résurrection dans la mort »). À l’opposé de ces conceptions plus individualistes, saint Thomas d’Aquin, en s’appuyant sur ce qu’il estime être un donné révélé, enseigne que la résurrection aura lieu pour tous en même temps, à la fin du monde, quand le Christ reviendra. Ce faisant, il met en lumière la signification théologique des liens que la personne humaine entretient avec le reste de la création, avec le Christ et avec les autres. Ces trois dimensions (le cosmos, le Christ et la communauté) doivent demeurer centrales pour une béatitude finale qui soit à la fois pleinement humaine et pleinement chrétienne.
Le Seigneur Jésus a promis que ceux que le Père attire à lui seront ressuscités « au dernier jour » (Jn 6, 44). Dans cette attente, saint Paul nous a conseillé de nous réconforter les uns les autres, avec l’assurance que les morts ressusciteront lorsque le Christ viendra (cf. 1 Th 4, 14-18). Depuis un siècle, ce donné de foi concernant la résurrection et son insertion dans le temps — ou plus exactement à la fin du temps — a été l’objet d’un intérêt soutenu de la part des théologiens. L’attention s’est particulièrement concentrée sur l’idée traditionnelle d’une période intermédiaire entre la mort individuelle et la résurrection, période durant laquelle le sujet existe comme âme dépourvue de corps, dans un état qui a pu être qualifié de béatitude parfaite. Le fait de considérerune telle existence désincarnée comme un état de perfection a été soumis à la critique.