L’obéissance à la loi civile chez saint Thomas d’Aquin

Henri Bouillon
8,00 € l'unité
2025 - Tome CXXV 2025 - Fascicule n°1
125
CXXV
Mars 2025
1
2025
35 - 60
Article

Résumé

Saint Thomas d’Aquin fonde l’obéissance à la loi civile sur troisvpiliers. Le premier est le Bien commun, finalité de la loi qui fonde sa force obligatoire : c’est l’obtention d’un bien qui justifie avant tout d’obéir à la loi. Le deuxième pilier est le caractère rationnel de la loi, qui parle à la raison des individus et exige leur adhésion plutôt que leur passivité : puisque la loi vise à promouvoir un bien et non à imposer une volonté légiférante, il est rationnel de suivre ses prescriptions. Le troisième pilier est le législateur lui-même et la sanction qu’il peut adjoindre à la règle et qui peut forcer les résistances de ceux qui voudraient méconnaître les prescriptions légales.

Extrait

Bien qu’obnubilés par l’effectivité des normes juridiques, les juristes prêtent peu d’attention à la question de l’obéissance aux règles de droit. Pourtant, cette obéissance est la première condition de l’effectivité du droit.
Ce désintérêt est sans doute un effet du positivisme juridique. Celui-ci repose sur le dessein de se limiter à décrire et à expliquer le droit positif. Mais il se refuse à justifier son existence ou l’obéissance qu’on lui doit. L’obéissance au droit est placée à l’extérieur du discours technique du juriste. S’interroger sur la force obligatoire du droit reviendrait à le justifier, ce à quoi se refusent les  positivistes : ce serait, pour eux, une réminiscence de l’idéologie du droit naturel.