L’innascibilité et les relations du Père, sous le signe de sa primauté, dans la théologie trinitaire de Bonaventure

Emmanuel Durand o.p.
5,00 € l'unité
2006 - Fascicule n°4 2006 - Tome CVI
531 - 564
Article
innascibilite, pere, primaute, bonaventure, Théologie trinitaire, Relation

Résumé

Deux théologies contrastées de la paternité divine se rencontrent en Occident. La théologie trinitaire de Bonaventure est centrée sur la fontalis plenitudo et l’innascibilitas du Père, situées en surplomb par rapport à toutes ses émanations, à la fois intradivines et créées. En contraste, la théologie trinitaire de Thomas d’Aquin n’accorde pas de contenu positif à l’innascibilité du Père, et envisage principalement sa personne de façon relative au Fils et à l’Esprit. En arrière-fond de cette divergence dans l’approche de la personne du Père, se laissent reconnaître deux édifices trinitaires différenciés, notamment en fonction de l’articulation différemment négociée entre l’émanation et la relation. L’objectif de la présente étude demeure limité : il s’agit d’abord de resituer la thèse de Bonaventure dans l’architecture d’ensemble de sa théologie trinitaire, afin d’en délivrer une intelligence précise et nuancée. L’étude comparative avec Thomas d’Aquin et l’actualisation du débat feront l’objet d’une publication ultérieure.

Extrait

Deux théologies contrastées de la paternité divine se rencontrent en Occident. Cela est connu des théologiens familiers de la période médiévale, mais le différend n’a pas encore été étudié de façon serrée et développée. La théologie trinitaire de Bonaventure est centrée sur la « plénitude fontale (fontalis plenitudo) » et l’innascibilité du Père, situées en surplomb par rapport à toutes ses émanations, à la fois intradivines et créées. En contraste, la théologie trinitaire de Thomas d’Aquin n’accorde pas de contenu positif à l’innascibilité du Père, et envisage principalement sa personne de façon relative au Fils et à l’Esprit. En arrière-fond de cette divergence dans l’approche de la personne du Père, se laissent reconnaître deux édifices trinitaires différenciés, notamment en fonction de l’articulation différemment négociée entre l’émanation et la relation.