À Toulouse, en 1628, la translation des reliques de saint Thomas d’Aquin dans un nouveau reliquaire magnifié par un mausolée monumental manifeste le rôle du saint reconnu comme patron et protecteur de la cité. C’est par l’influence de sa doctrine comme par le rayonnement de son corps que les Toulousains ont été préservés de la contamination de l’hérésie. Aussi le saint docteur de l’eucharistie était-il représenté au sommet du monument comme le chérubin au glaive de flamme protégeant le Pain de vie.
En 1618, les dominicains réformés de Toulouse, sous le priorat de Gabriel Ranquet, ont conçu le projet de doter les reliques de saint Thomas d’Aquin d’un reliquaire d’orfèvrerie destiné à remplacer celui qui avait disparu depuis plus d’un demi-siècle. En effet, lorsqu’en mai 1562 les huguenots se sont emparés de la ville de Toulouse, ils ont saccagé le couvent des Jacobins et porté atteinte aux reliques du saint docteur. Selon Jacques Archimbaud, plus proche des événements car il a fait profession au couvent des Jacobins trente-sept ans après le désastre, les huguenots dérobèrent la châsse d’argent et dans leur précipitation laissèrent à terre les reliques. Selon Thomas Souèges, profès à Toulouse quatre-vingt-neuf ans après le pillage, « ils emportèrent quantité de choses de notre couvent, et entre autres la châsse d’argent dans laquelle reposaient les sacrés ossements de saint Thomas. Mais, parce qu’ils étaient immédiatement dans une autre d’ivoire, comme je l’ai appris des plus anciens Pères du couvent de Toulouse, et que les hérétiques n’en voulaient qu’à l’argent, ils se contentèrent de cette châsse et laissèrent là celle d’ivoire avec les reliques ». La châsse avait disparu, mais les reliques étaient demeurées intactes dans leur coffre, ainsi qu’il fut vérifié en 1587.