Après avoir manifesté en suivant l’analyse d’Aristote — Éthique à Nicomaque, I, 6 et X, 7 — que l’homme est appelé à contempler, cette étude conceptualise d’abord l’activité contemplative et en précise les objets. Examinant ensuite les objections que l’émergence et le développement des sciences expérimentales de la nature et deux principes de la théorie de la connaissance kantienne y opposent, elle leur répond avant de s’achever dans la détermination de ce que l’on peut nommer l’ éthique de la contemplation, caractérisée par l’étonnement admiratif, le désintéressement, le don, le sens, le respect de la Nature, cinq attributs dont, dans une ultime étape: l’éthique de la contemplation et la relation aux autres, ces lignes tirent les conséquences quant au rapport à autrui.
S’il est une thèse massivement et explicitement soutenue par et dans la tradition philosophique et théologique occidentale, c’est bien celle selon laquelle l’homme, parce qu’il est doué d’un principe rationnel et d’un intellect, est appelé à contempler. Partant de Platon, voyant en la saisie du modèle intelligible (l’eidos1) le propre de la connaissance humaine, en passant par Aristote, divisant l’âme humaine en alogon et en logon et démontrant que la vie contemplative est le bonheur humain le plus élevé — conclusion partagée par l’ensemble de la tradition platonico-aristotélicienne s’épanouissant au Moyen Âge — pour arriver à Leibniz, faisant remarquer que si nous ne vivrons pas toujours ici-bas, nous penserons toujours, et à Hegel, déterminant la tâche de l’esprit comme atteinte du savoir absolu, si on suit le chemin de la philosophie ; ou commençant par la Genèse déclarant, dans une visée à la fois théologique et pédagogique, que Dieu se reposa le septième jour — indiquant ainsi que le Créateur trouve sa perfection dans une activité immanente : la pensée de lui-même — pour aboutir à l’Évangile, conduisant l’homme par la foi à la vision du Fils et, par elle, à celle du Père, si on suit le chemin de la théologie chrétienne, la chose est claire.