Contraception et mariage dans la tradition chrétienne avant Humanae vitae : Une relecture de J. T. Noonan cinquante ans après

Paul Rambert
5,00 € l'unité
2018 - Fascicule n°3 2018 - Tome CXVIII
1800
391 - 427
Article
Mariage, contraception, john t noonan

Sous titre

Une relecture de J. T. Noonan cinquante ans après

Résumé

En 1965, J. T. Noonan, au terme de son étude historique de l’enseignement de l’Église sur la contraception, suggérait que l’Église pouvait réviser sa doctrine. En effet, à travers la condamnation constante de la contraception, elle avait plutôt cherché selon lui à promouvoir les valeurs de la procréation, de l’éducation, de la vie, de l’amour et de la personne. Cette condamnation s’expliquait par une succession de circonstances historiques, par des connaissances biologiques erronées, et parce que la doctrine avait été définie par des hommes non mariés. L’auteur de l’article prétend que Noonan, n’étant pas théologien, n’a pas saisi le lien entre les différentes condamnations, et se propose de faire une analyse proprement théologique de la somme impressionnante de données historiques fournie par son livre.

Extrait

En 1965, John T. Noonan, au terme de son histoire de la contraception, concluait que l’Église, à travers la défense de la valeur « absolue, sacrée » du rapport sexuel, avait plutôt cherché à affirmer les cinq valeurs de la procréation, de l’éducation, de la vie, de la personne et de l’amour. « Autour de ces valeurs un mur avait été construit ; le mur pouvait être démoli quand il devint une prison plutôt qu’un rempart. » Cette conclusion, relue cinquante ans après dans nos sociétés contraceptives, semble infirmée par les faits : les valeurs citées, à part l’éducation, ont été mises à mal. Il suffit de penser à la banalisation de l’avortement, à la dénatalité, à l’utilisation des embryons humains pour la recherche, à la fabrication d’êtres humains in vitro, au libertinage sexuel, à la perte
même du sens de l’engagement matrimonial et de la fidélité, au divorce, à la marchandisation du corps de la femme qu’est la GPA, pour se demander raisonnablement si ce mur, loin d’être celui d’une prison, n’était pas vraiment, en fin de compte, un rempart. Si la masse impressionnante des données historiques du livre, la rigueur et l’honnêteté de l’analyse sont tout à l’honneur de son auteur, force est cependant de constater que ce dernier n’est pas un théologien, ce qui explique un certain nombre de déficiences dans son analyse. Par cet article nous n’entendons pas faire une recension de son livre (qui serait un peu tardive !), mais plutôt une relecture des données historiques précieuses qu’il fournit et en proposer une analyse proprement théologique.