Pour expliquer l’expression « thomisme analytique », il faut d’abord examiner la différence entre philosophie continentale et philosophie analytique. Le thomisme analytique n’est pas né en Angleterre ou aux États-Unis mais en Pologne, dans les années 1930. La meilleure part de son développement est due à Peter Geach ou Elizabeth Anscombe. Mais le développement contemporain de la théologie analytique lui accorde également une place particulièrement importante et prometteuse.
Dans l’expression « un faux passeport », l’adjectif faux est dit « aliénant ». Car un faux passeport n’est justement pas un passeport. Quand on parle de « thomisme analytique », l’adjectif est-il aliénant ? Ma réponse sera négative. C’est même tout le contraire : dans la philosophie analytique le thomisme se réalise au mieux. Les raisons de contester cette affirmation seront examinées. Elles reposent aussi bien sur une représentation erronée de la philosophie analytique que sur certaines attentes discutables dans la lecture de Thomas d’Aquin.Je tâcherai ainsi de justifier ce jugement de Cyrille Michon : « L’alliance que de nombreux lecteurs de saint Thomas voient ou cherchent à établir avec la philosophie analytique est naturelle. »
