Après avoir occupé le devant de la scène médiatique durant les deux années du synode sur la famille, la question délicate de la communion eucharistique des divorcés remariés continue à nourrir la plupart des discussions surl’exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia du pape François, qui se concentrent sur le chapitre 8 et en particulier sur la note 351 ; les commentateurs étant très partagés sur le point de savoir si cette note a changé ou non la discipline établie par l’exhortation apostolique Familiaris consortio du pape Jean-Paul II. L’article cherche à favoriser la bonne réception du texte en montrant qu’il peut et doit être interprété conformément au magistère précédent. Une lumière nouvelle est donnée, qui détermine un réel changement pastoral et disciplinaire, mais au titre d’un progrès doctrinal homogène. La distinction qui est faite au plan de la théologie morale entre situation objective de péché et imputabilité subjective selon les circonstances est resituée dans le cadre traditionnel de la science du confessionnal. Mais le régime sacramentel ne saurait découler du seul for interne, s’agissant aussi d’actes publics. Familiaris consortio, relue à la lumière d’Amoris laetitia, vient alors éclairer celle-ci en retour.
Plusieurs mois après sa publication, l’exhortation apostolique Amoris Laetitia fait encore l’objet de nombreuses discussions, oppositions et conflits d’interprétation, qui prolongent les débats parfois vifs autour du Synode sur la famille auquel elle a donné suite, dans un contexte déjà relativement tendu d’attaques de la famille, de législations civiles ouvrant le mariage aux personnes de même sexe et de promotion mondiale de l’idéologie du gender. Un chapitre surtout fait difficulté, le chapitre 8 sur l’accompagnement des personnes en situations dites “irrégulières” ; et dans celui-ci, la question de la communion des divorcés remariés concentre presque toutes les attentions, en particulier la note 351 qui précise que dans certains cas l’aide des sacrements peut être apportée
Même s’il n’est pas fait mention explicite des divorcés remariés dans cette note, et que le chapitre rappelle par ailleurs qu’il n’entend pas se limiter à leur seule situation (d’autres cas seulement pourraient donc être concernés), ils ne sont pas non plus exclus a priori, ce qui fait que l’on doit aussi envisager cette possibilité : ubi lex non distinguit, nec nos distinguere debemus. Trois grandes questions se posent à ce sujet. 1°) Une question générale d’interprétation : que dit ou qu’a voulu dire exactement le pape dans ce texte ; a-t-il changé la règle et d’ailleurs le pouvait-il ? 2°) Une question de théologie morale : est-il vrai que dans une situation objective de péché l’on puisse se trouver subjectivement en état de grâce ? Cela est-il conforme à la doctrine catholique, ou même possible en pratique ? 3°) Une question de théologie sacramentaire : cela ouvre-t-il pour autant l’accès aux sacrements ? La note 351 faisant directement référence à la pénitence et à l’eucharistie. Sur les deux premières questions, nous nous contenterons d’apporter quelques compléments à l’article de Dom Basile Vualet qui a déjà fait l’analyse détaillée de ce chapitre en montrant qu’il n’a rien de révolutionnaire et qu’il s’inscrit dans un développement magistériel homogène..